On estime qu’un canadien sur cinq (6.2 millions) âgé de 15 ans et plus souffre d’un ou plusieurs handicaps qui le limitent dans ses activités quotidiennes. Il est important de veiller à ce que l’environnement résidentiel des personnes en situation de handicap leur apporte le soutien dont elles ont besoin pour mener une vie sécuritaire et épanouissante.
Bien que certaines maisons récentes soient construites avec des aménagements conçus pour les personnes en situation de handicap, les maisons plus anciennes n’ont probablement pas été conçues en fonction de cette réalité.
Que vous soyez dans une maison nécessitant des changements importants ou que vous recherchez des solutions pour rendre votre maison plus accessible aux personnes en situation de handicap, cet article à été conçu pour vous.
Quoi qu’il en soit, il y a des questions importantes à se poser pour bien analyser la situation avant d’investir temps et argent dans une maison accessible :
- Est-ce que les allées et les entrées extérieures sont bien éclairées et exemptes de risques de trébucher?
- Y a-t-il au moins une entrée sans escaliers pour accéder au bâtiment?
- Est-ce que le seuil des portes extérieures est visuellement facile à identifier?
- S’il s’agit d’une maison à étages, le rez-de-chaussée comporte-t-il une chambre, une salle de bain complète et une cuisine?
- Est-ce que les escaliers sont-ils bien éclairés, munis de rampes des deux côtés et équipés d’interrupteurs de lumières en haut et en bas?
- Est-ce que les armoires et les étagères de la maison sont facilement accessibles à votre hauteur ou selon vos aptitudes?
- Est-ce que la cuisine dispose d’une surface de travail que vous pouvez utiliser lorsque vous êtes assis?
- Y a-t-il un extincteur près des éléments chauffants de la cuisine (cuisinière, four)?
- Est-ce que les tapis de sol sont fixés au sol ou doublés de prises antidérapantes?
- Y a-t-il des détecteurs de fumée et de monoxyde de carbone à chaque étage de la maison, pouvant être entendus dans toutes les pièces?
Parcourez l’extérieur et l’intérieur de votre maison en gardant ces questions en tête. Tenez compte des situations les plus extrêmes lorsque vous décidez d’apporter des changements.
Si vous avez peu de difficulté à atteindre les étagères hautes mais que vos articulations ont tendance à vous faire souffrir par temps humide, prévoyez faire des ajustements. N’oubliez pas que votre handicap peut présenter de nouveaux défis avec le temps auxquels vous voulez être prêt à faire face.
1. L’aménagement extérieur
Débutez un examen simple de votre propriété par l’extérieur. Est-ce que votre adresse est facilement visible de la rue? Qu’en est-il lorsque la nuit est tombée ou par mauvais temps?
En situation d’urgence, le personnel médical doit être en mesure de trouver votre adresse rapidement lorsque vous les contactez et ce peu importe les conditions. Les numéros de boîte aux lettres peuvent tomber, se couvrir de neige ou s’effacer sous l’effet du soleil et de la pluie.
Votre maison doit avoir des numéros réfléchissants d’au moins trois pouces de haut, placés directement sur le bâtiment près de la porte pour en faciliter l’identification.
Ensuite, examinez l’allée et les passages pour vous assurer que vous pouvez vous déplacer sans obstacles. Portez une attention particulière aux fissures qui pourraient provoquer le coincement d’une marchette ou d’un fauteuil roulant pouvant vous exposer à un risque de chute.
Au moins une entrée extérieure doit avoir soit un seuil de porte plat, ou une rampe avec des garde-corps sur les deux côtés et des débarcadères en haut et en bas. Idéalement, les rampes et les passages sont légèrement rugueux afin de réduire l’accumulation d’eau et d’augmenter la motricité des chaussures, des marchettes et des fauteuils roulants. Pendant l’hiver, gardez le déglaçant à portée de main afin de garder ces zones de passages sécuritaires.
Les détecteurs de mouvement pour les lumières présentent de nombreux avantages : ils veillent à ce que le chemin soit bien éclairé, réduisent les coûts d’énergie en ne s’activant qu’en cas de besoin, et agissent de dissuasif de sécurité puisque les voleurs potentiels ne veulent pas d’un éclairage soudain les exposants.
Veillez à ce que près de l’entrée à l’extérieur vous disposez d’une étagère ou d’un banc où vous pourrez déposer des colis, sacs ou d’autres objets pendant que vous déverrouillez la porte.
Vous devriez également veiller à ce qu’il y ait suffisamment d’espace pour circuler facilement près de la porte lorsqu’elle est ouverte, surtout près des entrées dotées de rampes ou de marches.
Si vous hébergez un enfant ou une personne âgée en fauteuil roulant, il doit y avoir suffisamment d’espace pour le fauteuil et pour toute personne qui pourrait porter assistance.
2. Les portes, passages et escaliers
L’un des principaux facteurs de sécurité d’une maison est de veiller à ce que l’éclairage soit suffisant partout. Les passages et les cages d’escalier sont souvent dépourvus de fenêtres laissant passer la lumière naturelle, alors prenez soin de les éclairer correctement.
Les longs corridors doivent être équipés d’interrupteurs aux deux extrémités, tout comme le bas et le haut des escaliers. En général, il est préférable de ne pas utiliser de carpettes et de tapis de sol, car ils peuvent présenter un risque de chute. Toutefois, si vous préférez en disposer, fixez-les avec une bande adhésive ou une doublure antidérapante pour tapis.
Dans le cas d’un établissement adapté aux personnes en situation de handicap, n’installez jamais de tapis dans les escaliers ou en haut ou en bas de l’escalier, même s’il est sécurisé.
Si vous avez une mobilité réduite au niveau des mains ou des poignets, assurez-vous que les portes soient munies de poignées à barre plutôt que de poignées rondes. Vous pourriez même envisager d’installer des portes électriques dans les pièces les plus utilisées. Assurez-vous toutefois qu’elles peuvent être ouvertes manuellement en cas de panne d’électricité.
Votre porte d’entrée doit comporter un regard à votre hauteur, ainsi qu’une chaînette qui vous permet de communiquer avec un visiteur sans ouvrir complètement la porte pour ne pas risquer de vous faire brusquer votre porte.
3. La cuisine
La cuisine doit comporter au moins une surface de travail facilement accessible auquel vous pouvez accéder en étant assis. Ça peut être une petite table à manger ou d’une table rabattable fixée au mur. Veillez simplement à ce qu’elle soit suffisamment solide pour supporter un poids important.
Vous pouvez créer une surface de travail facilement en retirant les portes des armoires du bas d’un comptoir pour permettre aux jambes de passer en dessous pendant que vous travaillez. Gardez en tête que cela nécessite de retirer certaines parties de la base et que vous devrez tenir compte de la hauteur du comptoir.
Les comptoirs ont une hauteur d’environ 36 pouces, mais en général, il faut que le comptoir ait une hauteur d’environ 34 pouces pour qu’une personne en fauteuil roulant soit confortable.
L’évier doit également être accessible en position assise. Même s’il est suffisamment bas, il est préférable de créer un espace pour les jambes en dessous pour avoir un angle plus direct.
Il est préférable de pouvoir s’approcher de l’évier de face que de s’y approcher en parallèle et de se tordre le corps, en se frottant le dos, le cou et les bras. Isolez tous les tuyaux exposés pour éviter de vous brûler les jambes ou les pieds. Votre évier doit être équipé d’un tuyau d’arrosage d’au moins 36 pouces afin que vous puissiez facilement rincer la vaisselle et remplir les casseroles.
La cuisinière peut être difficile d’accès et un endroit dangereux de la cuisine si l’on n’y fait pas attention. Les boutons de contrôle doivent tous se trouver à l’avant de l’appareil afin d’éviter d’avoir à passer à travers les brûleurs chauds. Les articles de cuisine en verre peuvent vous permettre de mieux surveiller la cuisson des aliments.
Il doit y avoir au moins deux pieds de comptoir résistant à la chaleur de chaque côté de la cuisinière afin de pouvoir faire glisser les couverts chauds d’un brûleur sans risquer de devoir soulever des casseroles lourdes et chaudes.
Même une simple organisation réfléchie de votre cuisine peut rendre cet endroit plus accessible. Les casseroles, la vaisselle et les conserves lourdes doivent être rangées sur les étagères du bas.
Si vous manquez de place, vous pouvez toujours installer des étagères coulissantes afin de maximiser l’espace de rangement. Les boîtes, les verres à boire, les petits objets et tout ce qui n’est pas utilisé régulièrement peuvent être placés sur les étagères du haut.
4. La salle de bain
La salle de bain et les escaliers sont des endroits particulièrement dangereux pour les personnes en situation de handicap. Selon l’Agence de santé publique du Canada, c’est l’endroit où 50 % des blessures se produisent chez les aînés. Pour une personne en situation de handicap, il peut être très risqué d’utiliser une salle de bain non adaptée à leur besoin.
Les barres d’appui doivent être placées dans la salle de bains afin de fournir un soutien supplémentaire. Veillez à ce qu’elles soient installées solidement sur vos murs afin qu’elles soient suffisamment sûres pour supporter votre poids.
Elles doivent être placées près des toilettes, de la baignoire et dans la douche. Il est recommandé que les barres d’appui soit légèrement texturés pour les rendre plus faciles à tenir (surtout lorsqu’elles sont mouillées) et qu’elles soient colorées afin d’être facile à repérer en cas d’urgence.
La toilette est un autre élément qui nécessitera d’évaluer vos besoins personnels. Si la toilette est trop basse pour que vous puissiez facilement vous y installer, un siège surélevé peut être une solution facile pour vous aider. Certains sièges sont équipés de bras ou de garde-corps pour offrir du soutien supplémentaire.
Il y a même des sièges dont la hauteur est réglable pour s’adapter à vos besoins. Lorsque vous avez trouvé le siège qui vous convient, assurez-vous que vous disposez d’un espace d’accès suffisant entre le siège et la toilette pour des raisons d’hygiène.
Il est particulièrement important de bien choisir votre lieu de salle de bain, car l’eau présente un risque supplémentaire. Les douches à volet, et les systèmes d’accessibilités par roulement avec siège sont les options les plus sécuritaires, même si vous n’utilisez pas de fauteuil roulant.
Le fait de ne pas avoir à enjamber un rebord ou un mur de baignoire réduit considérablement le risque de chute. Même avec des barres d’appui dans la cabine de la douche, il est recommandé d’avoir un siège de taille adéquate. Les barres d’appui de la douche doivent s’étendre sur la longueur de la baignoire et une barre supplémentaire est placée à l’extrémité opposée du drain afin de faciliter au maximum le transfert.
Un tapis ou des coussins antidérapants devraient tapisser le fond pour assurer une meilleure adhérence à l’intérieur, et le tapis de bain à l’extérieur devrait également avoir un dessous antidérapant.
5. Le salon et la chambre à coucher
Bien que les revêtements de sols en vinyle et les carrelages sont généralement plus adaptés aux couloirs, aux cuisines et aux salles de bains, la plupart des gens apprécient la sensation douce et accueillante que peut apporter le tapis aux pièces destinées à la détente, comme les salons et les chambres à coucher.
Il est important de choisir le bon type de tapis : un tapis à pelucheuse et texturée n’est pas adapté pour les fauteuils roulants et peut faire trébucher les marchettes ou les cannes. Afin de satisfaire à la fois à la mobilité et l’aspect chaleureux du tapis, optez pour un tapis à poils bas d’environ un quart de pouce d’épaisseur.
Si possible, n’utilisez pas de tapis à poils longs car ceux-ci sont moins résistants. Les tapis de type commercial ont tendance à être plus résistants aux taches et à l’usure qu’engendrent les fauteuils roulants et les marchettes.
Espacez les meubles afin de disposer d’un espace suffisant pour se déplacer. Gardez les cordons et les fils électriques derrière les meubles ou le long des plinthes afin de garder le chemin libre.
Si les meubles de la maison présentent des angles pointus, il peut être judicieux de les rembourrer afin d’éviter les blessures. Veillez à ce que les jupes de lit, les couettes ou les couvre-meubles ne dépassent pas trop du sol afin d’éviter les chutes.
Vous devriez installer une barre d’appui près de la tête de lit afin de faciliter le transfert. Si vous choisissez d’utiliser une table de chevet pour vous aider, fixez la solidement dans un montant du mur.
Assurez-vous d’avoir une ligne de téléphone fixe accessible depuis votre chevet ou une prise de courant pour recharger votre cellulaire durant la nuit afin de pouvoir contacter les secours en cas d’urgence nocturne.
La plupart de ces adaptations peuvent être réalisées par vous-même, mais assurez-vous de toujours consulter un entrepreneur professionnel lorsqu’il s’agit de fixer des barres d’appui et des meubles au mur. Ayez une discussion ouverte lorsque vous identifiez des modifications à apporter et comment elles seront faites. Ne vous laissez jamais entraîner dans des situations où vous n’êtes pas à l’aise.
Dans le doute, demandez un deuxième avis ou consultez votre médecin pour connaître les meilleures solutions pour votre situation. Les professionnels peuvent vous guider en matière de sécurité, mais il est important que vous ayez votre mot à dire sur ce qui rendra vos conditions de vie confortables et accessibles.